"L'isolant ? Ah mais c'est celui qu'on nous a livré, c'est ce qu'on met d'habitude…" Ah oui peut-être, mais pas de ça chez moi mes bons messieurs. J'avais pourtant bien précisé plusieurs fois que l'isolant est spécifique, très résistant à la compression. Du Polyfoam D350A de chez Knauf plus précisément. Forcément, c'est pas l'isolant habituel…
Vous l'aurez compris, notre maçon n'avait pas commandé le bon isolant pour notre isolation sous hérisson ! Heureusement que j'ai vérifié… Ce qui m'amène à citer quelques règles/conseils :
- Règle numéro 1 : tout noter et faire signer dans les moindres détails !
- Règle numéro 2 : tout surveiller et vérifier en direct sur le chantier.
Pourquoi ? Parce que sinon on peut rencontrer ce genre de problème qui aurait pu être dramatique si je n'avais pas suivi le chantier de près !
Ce n'est pourtant pas faute de l'avoir répété, il faut un isolant résistant très bien à la compression pour une mise en oeuvre sous hérisson (hors DTU hélas). Pas question d'utiliser le premier polystyrène venu qui s'écraserait dès le premier coup de plaque vibrante ! Malgré plusieurs rappels pour dire que l'isolant doit être du Knauf Polyfoam D350A, notre maçon n'avait visiblement pas enregistré cette précision importante. Je lui avais pourtant bien demandé confirmation que l'isolant serait du D350A. Cet isolant est de couleur orange et ressemble à ça :
Voici les détails sur ce produit : http://www.knauf-batiment.fr/default.aspx?docId=NRJ6dBzwfgA%3D
Bref, même si vos artisans vous confirment quelque chose à l'oral, veillez à ce que tout soit détaillé dans les devis et bons de commande ! Ca va peut-être les ennuyer, mais c'est la seule façon d'éviter les mauvaises surprises et pour que tout se passe bien. Hélas, la confiance a ses limites et la situation présente vient le rappeler.
"C'est ce qu'on utilise d'habitude" ne veut pas dire "c'est bien" !
Sur les conseils de son revendeur de matériaux, notre maçon avait donc commandé un isolant Knauf (jusque là c'est la bonne marque) pour une mise en oeuvre…sous dalle. C'est là que ça coince, puisque dans notre cas l'isolant est placé non pas sous dalle, mais sous hérisson ! Bref, le Knauf Therm commandé par le maçon ne convient pas pour cet usage. Il faut un isolant bien plus résistant à la compression, ce qui est le cas du Knauf Polyfoam D350A choisi initialement.
Attention donc quand un artisan dit "c'est ce qu'on met/fait d'habitude", puisque les habitudes françaises sont hélas très perfectibles (d'un point de vue performances thermiques en particulier) et surtout ne correspondent pas forcément au mode de construction choisi. Je n'ai rien à reprocher aux maçons qui ont fait un super boulot sur notre chantier, mais il faut tout de même dire qu'ils ont beaucoup à apprendre en ce qui concerne les bâtiments basse-consommation.
Un chantier à surveiller comme le lait sur le feu
Lors des étapes importantes comme l'isolation et le compactage du hérisson, une surveillance du chantier est à mon avis indispensable. Dans mon cas, je suis allé surveiller le travail avant et après la pause déjeuner (le 12 mai dernier). Heureusement, puisqu'à mon arrivée les maçons (à 4 sur notre chantier !) avaient déjà commencé à mettre ce mauvais isolant sur un cinquième du hérisson ! Je n'ose même pas imaginer la catastrophe si j'étais passé en fin de journée alors que tout aurait été terminé. Du coup, je suis intervenu à temps et leur ai demandé de tout enlever et de commander le bon isolant.
Evidemment ça n'a pas vraiment plu au maçon, mais bon c'est lui qui s'était trompé, pas moi. A lui d'assumer, ce qu'il a heureusement très bien fait pour le moment. Le revendeur de matériaux est tout de même venu sur place pour essayer de me faire changer d'avis, en me disant que de toutes façons c'était hors DTU de poser l'isolant sous hérisson. Ce n'est pas faux, mais le DTU c'est l'excuse toute trouvée quand on ne veut pas faire ce que le client demande. Pourtant, quand on y regarde de plus près, beaucoup de libertés sont régulièrement prises par rapport aux DTU sur les chantiers.
L'isolation sous hérisson : hors DTU ?
Pour rassurer tout le monde, sachez tout de même que nous ne sommes pas en train de jouer aux apprentis sorciers avec cette solution. La pose d'isolant sous hérisson a déjà été réalisée sur quelques maisons novatrices et basse consommation, sans aucun problème particulier. Ce type de pose a été validé par une étude béton sur une maison (merci Fabrice M.), et étudié sérieusement par des architectes expérimentés sur une autre maison. En revanche, la mise en oeuvre doit être soignée et le hérisson particulièrement bien compacté (en plusieurs couches pour ne pas abimer l'isolant). Ceci dit, ça doit toujours être le cas pour un terre-plein sur hérisson, quelque soit le type de pose de l'isolant. S'il y a tassement, de toutes façons la décennale se débinera puisque ce n'est pas réparable à moins de tout casser. Bref, dans ce cas le DTU on s'en moque un peu. Tout ce qui importe, c'est que les maçons fassent un boulot irréprochables pour qu'il n'y ait aucun tassement possible après construction.
Pour finir, le revendeur de matériaux n'a pas eu son mot à dire. S'il n'est pas d'accord pour vendre le bon produit, et bien on se servira chez quelqu'un d'autre. D'ailleurs il vient d'entrer sur ma liste noire des personnes à éviter. Suite à cela, le maçon (sérieux malgré tout) a re-commandé le bon isolant (chez le même revendeur, mais ce n'est pas mon problème) et l'a reçu aujourd'hui. Intervention prévue en fin de semaine prochaine.
Avec toutes ces histoires, la journée s'est terminée bien tard. Voici une photo de la pile d'isolant qui doit repartir chez le revendeur :
Rendez-vous très bientôt pour les explications sur la structure des murs et des sols de notre maison. Schéma à la clé.
#1 par David et Marie à 18/06/2010 - 22:42
Citation
Ouf! vous avez eu chaud!! Et oui, c'est vrai qu'un chantier, ça se suit avec beaucoup d'attention pour éviter toute sortes de surprises bien désagréables. Nous pas de hérisson de prévu, du coup pas de soucis d'isolant (il y aura sûrement d'autres choses à vérifier…).
Nous suivons votre avancée avec attention
David et Marie
#2 par Fabien à 18/06/2010 - 23:22
Citation
Oui, effectivement, c’était vraiment juste. Heureusement que j’ai vérifié. Et ce n’est pas tout, notre charpentier aussi a fait sa première erreur quelques jours après ! Je suis en train de finaliser l’article et je le mets en ligne dans quelques dizaines de minutes.
En tout cas c’est clair que vous devrez faire super attention aux moindres détails, en particulier les histoires de ponts thermiques et étanchéité.
Bon courage pour la suite.
Pingback: La fin du hérisson...isolé ! | La Triskeline
#3 par bioetbois à 24/04/2013 - 20:02
Citation
Bonjour,
Je vois que le dernier commentaire date de 2010 – peut-on avoir un retour sur cette dalle isolée sous hérisson, 3 ans aprés ?
Merci
#4 par Fabien à 01/05/2013 - 16:42
Citation
Bonjour,
aucun problème structurel à signaler. Point de vue inertie je me suis un peu fait avoir cette année car l’hiver a commencé tôt, dès novembre et je ne voulais pas chauffer tout de suite. Du coup la masse a perdu de sa chaleur et nous avons eu un peu de mal à la faire remonter en température pendant l’hiver. Le matin il faisait donc 18 à 19 degrés dans le salon, donc on perdait pas mal pendant la nuit. Ceci dit, ce fut un hiver très particulier, nous avons consommé trois fois plus de bois que les deux derniers hivers (environ 3 à 4 stères à première vue) alors que la maison était vraisemblablement mieux isolée (conduits de VMC à peu près isolés dans la buanderie).
Bref, question inertie ça semble efficace mais nous verrons ce que ça donne cette année, déjà pendant l’été sachant que la pergola ne sera faite qu’en juin (donc un peu juste) puis l’hiver prochain tout en sachant que je ne me ferai pas avoir et commencerait donc à chauffer plus tôt, pour entretenir cette inertie.
#5 par David (38) à 02/05/2013 - 10:43
Citation
Bonjour,
je suis hyper intéressé par votre projet et l'isolation sous hérisson, pourriez-vous me donner quelques détails concernant la réalisation de celui-ci ? A savoir la hauteur et le diamètre du gravier tassé en dessous de l'isolation pour aplanir, la hauteur et le diamètre du gravier du hérisson (qui paraît fin sur les photos). Votre hérisson est-il ventilé ? (a priori je ne pense pas car il est censé être "étanche" aux remontées d'eau et que cela provoquerait des ruptures dans l'isolation difficiles à traiter …) et surtout LA question. Est-ce qu'avec du recul vous referiez pareil maintenant ?
D'avance merci pour vos réponses et merci pour votre blog très enrichissant !
cordialement David
#6 par Fabien à 02/05/2013 - 11:17
Citation
Bonjour,
voici le lien vers l’autre article : http://www.triskeline.fr/blog/2010/07/fin-herisson/.
Question hauteur je n’ai plus trop ça en tête mais probablement plus de 50 cm. Ca devait être du 0/20, donc assez fin oui, car il faut pouvoir le compacter correctement.
S’agissant d’un hérisson, ce n’est forcément pas ventilé, au contraire d’un vide sanitaire. Ceci dit, aucun soucis dans la mesure où tout est bien drainé. L’eau ne peut circuler que sous l’isolant car il y un polyane avant l’isolant. Le vide sanitaire n’est pas du tout obligatoire mais les maçons préfèrent ça car plus rentable, rapide à mettre en oeuvre et plus sûr et pratique pour eux.
Si c’était à refaire je ferais sans doute pareil oui, sauf si j’avais eu les moyens de mettre de l’inertie ailleurs et de mettre un plancher chauffant solaire. Mais si c’était à refaire, compte tenu des prix qui ont bien baissé, j’aurais peut-être fait du parpaing+ITE, qui apporte donc une inertie bien plus grande. Mais l’ossature bois garde cette grande souplesse pour l’auto-constructeur, ce qui réduit considérablement les coûts.
Bonne journée,
Fabien
#7 par bio à 08/05/2013 - 10:44
Citation
Bonjour,
Je vais construire une maison ossature bois RT2012. Trés intéressé par le bioclimatisme, je cherche des solutions d'inertie originales.
J'habite le sud de la France et ici les contraintes sont doubles : chauffer l'hiver et refroidir l'été. La dalle/hérisson sur isolation me semble intéressante. Je me demande s'il est possible de rajouter un système de chauffage refroidissement naturel de la dalle afin de mieux utiliser cette masse d'inertie. Mon idée : mettre un réseau de tubes diamètres 5 ou 10 cm dans la dalle afin de faire circuler de l'air : air chaud venant de mon poêle à bois pour l'hiver (cela chaufferait la dalle) et air frais durant la nuit en été (avec des entrées d'air au nord, côté vent dominant). L'été ce serait donc l'équivalent d'une ventilation traversante avec entrées air au nord et sortie au sud. Mon idée est de passer d'hiver à été par occultation/ouverture manuelle des entrées et sorties d'air (interne maison l'hiver – externe maison l'été). En hiver je mettrais donc des gros bouchons remplis d'isolant sur mes entrées et sorties extérieures et j'activerais un ventilateur intérieur pour souffler l'air chaud du poêle dans les gaines de la dalle. En été je boucherais manuellement mes entrées et sorties "air chaud" dans la maison et j'enlèverais mes bouchons extérieurs pour créer une circulation d'air extérieur dans les gaines de la dalle. Je me demande si cela peut fonctionner et si l'étanchéité à l'eau ne poserait pas de problème.
Un avis ?
#8 par Fabien à 13/05/2013 - 09:44
Citation
Bonjour,
idée intéressante, à condition que l’air qui circule sous la dalle soit bien séparé de celui qui circule dans la maison, afin d’éviter les problèmes de germes et autres joyeusetés.
J’ai toutefois découvert d’autres systèmes très intéressants, qui se rejoignent sur l’inertie et la circulation d’air sous dalle, il s’agit de tunnels à galets. Des exemples se trouvent sur le forum Futura Science suivant : http://forums.futura-sciences.com/habitat-bioclimatique-isolation-chauffage/.
Bon courage pour la suite,
Fabien
#9 par bioetbois à 14/05/2013 - 18:02
Citation
Bonjour Fabien,
Merci pour ton commentaire.
J'ai vu les tunnels à galets, mais il faut creuser or chez moi le sol est en pierre donc pas top pour ce système.
En revanche ta remarque sur l'air sain est judicieuse.
Alors autre idée pour l'hiver, toujours boucher les entrées air extérieures et faire circuler de l'air en circuit fermé, la canalisation passant par le poêle ou dans un mur en pierre refractaires derrière le poêle. Bref circuit extérieur et ouvert l'été, circuit interne à la dalle et fermé l'hiver avec circulation d'air en vase clos.
Toujours ouvert aux avis !!!
Merci
Jean-Pierre
#10 par Fabien à 14/05/2013 - 20:57
Citation
Le soucis c’est qu’un poêle ne chauffe pas beaucoup par derrière, ou alors au niveau du conduit d’évacuation des fumées. Faire passer un tuyau qui fait circuler l’air en provenance de la sous la dalle me paraît un peu contre-productif, car tu vas fatalement refroidir ta maison ou du moins perdre beaucoup de calories du poêles, qui vont se retrouver rapidement perdues car transmises dans le sol. A mon avis il faut étudier un système complètement indépendant de l’air intérieur et de la chaleur de la maison. Je pense plus à des capteurs solaires à l’extérieur à ce moment là (simples, version avec fond noir et air qui circule dedans). Le soucis, tout comme avec les tunnels à galets, c’est d’arriver à gérer la température pour avoir de la chaleur au maximum l’hiver et que tout le « stock » de calories soit épuisé avant l’été, pour que l’inertie joue le rôle inverse et limite la montée en température de la maison. Ceci dit, avec de bonnes protections solaires au printemps/été, ça doit pouvoir se faire relativement facilement.
Bref, je pense que la solution est viable du moment que tu peux chauffer la dalle et hérisson avant l’hiver et profiter des apports solaires pour entretenir cette inertie.
#11 par bioetbois à 21/05/2013 - 09:46
Citation
Fabien merci pour ton avis.
A réfléchir effectivement.
Ceci dit, j'habite dans le sud et toute la face sud sera vitrée, alors chauffer la dalle par apport solaire devrait se faire assez facilement.
Merci en tous cas.
Jean-Pierre